🌱Réapprendre à dire “nous” 🌱
- shaastrain

- 22 oct.
- 2 min de lecture
Les mots pèsent.
Ils s’infiltrent dans nos gestes, nos pensées, nos silences.
Certains élèvent, d’autres éteignent.
Certains ouvrent des chemins, d’autres dressent des murs.
Aujourd’hui, les mots sont polis, calibrés, rentables.
Ils rassurent, séduisent, neutralisent.
Le langage du travail parle de “résilience”, de “projets”, de “défis”
— comme si nommer la souffrance la rendait supportable,
comme si enrober la violence la faisait disparaître.
Sous les sourires de la communication, la langue se dévitalise.
Elle ne nomme plus le réel, elle le gère.
Elle ne relie plus, elle isole.
Et dans ce vide, quelque chose d’humain se perd : le tremblement, l’hésitation, le doute, le sens partagé.
Les mots du développement personnel et spirituel, eux,
sont tout aussi frauduleux et murmurent une autre injonction :
“Tu peux tout, pense positif et tout ira bien”
" Le guérison est en toi"
" Y a qu'à ..."
Retrouver des mots vivants, c’est désobéir à la langue des puissants.
C’est parler autrement,
sans chercher à convaincre ni à plaire,
mais pour redonner au monde un peu de sa chair.
C’est oser dire “nous” sans effacer le “je”.
C’est choisir la densité du sens plutôt que la manipulation du discours.
Aujourd’hui, sous le bruit du discours ambiant,
une autre vérité se glisse :
l’enjeu n’est plus de “s’accomplir”.
Il est d’humaniser — de réapprendre à faire société,
à parler ensemble sans se réduire,
à écouter sans dominer,
à inventer des mots qui respirent.
Car ce que nous avons perdu n’est pas la parole,
mais la présence dans la parole.
On oublie que l’humain ne se fabrique pas :
il se tisse, dans les liens, dans les failles, dans la parole échangée.
🌱 À l’École de l’accompagnement
Nous empruntons une autre voie.
Ici, les mots ne servent pas à convaincre, mais à relier.
Ils ne masquent pas le réel, ils le traversent.
Parfois rudes, parfois tendres, ils gardent leur poids de vérité.
Nous ne parlons pas “d’outils”, nous parlons d’expérience.
Nous ne cherchons pas à “transformer les individus”, plutôt à redonner souffle au collectif.
Nous invitons à écouter autrement,
à questionner les mots avant de les transmettre,
à défaire les langages figés pour laisser place au vivant.
Parce que retrouver le sens des mots,
c’est déjà réapprendre à faire société.


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